La marbrière d’Ardin (Deux-Sèvres) La lettre – septembre 2018
Édito
Située en « Pays de Gâtine », à la frange du massif armoricain et du bassin aquitain, la commune d’Ardin offre des paysages variés et contrastés. À la croisée des chemins, à hauteur du village de La Villedé, vous pourrez découvrir la carrière de « La Marbrière » inscrite à l’inventaire des sites d’intérêt géologique de Poitou-Charentes et mise en valeur par le CREN.
Faisant partie du réseau « L’Homme et la Pierre » la Marbrière met en relief l’activité humaine des carriers et conduit le visiteur dans un vaste voyage à travers le temps et l’histoire de la planète.
La commune propose également de nombreux buts de promenades et de visites : une église restaurée avec ses vitraux d’art contemporain et son bénitier sculpté dans le marbre… d’ARDIN, un bourg et ses commerces, de nombreux hameaux, 23 fontaines et lavoirs, 60 kms de chemins creux favorables à la randonnée et aux observations naturalistes… Une visite s’impose !
Jean-Pierre Rimbeau, maire d’ARDIN
Un site géologique d’intérêt national dans un cadre paysager remarquable
Depuis le 6 avril 2018, date de son inauguration, un sentier d’interprétation permet de découvrir cette ancienne carrière de pierre marbrière.
Ce parcours de 500m et équipé de tables de lecture sur les thèmes de la géologie et du paysage sensibilisent les visiteurs… Aux portes du bocage deux-sévrien et de ses paysages typiques, le site de la Marbrière d’Ardin a été désigné « Espace Naturel Sensible » par le Département des Deux-Sèvres.
Le « marbre » d‘Ardin
L’ancienne exploitation couvrait environ 70 hectares. Ce gisement de « marbre » offrait trois principales variétés aux teintes contrastées : rose à rouge, beige à grise et brune à noir.
Au sens strict du terme, ce calcaire n’est pas un véritable marbre comme celui de Carrare par exemple. Il s’agit d’une pierre marbrière, une roche suffisamment dure et compacte pour être polie et ainsi produire des dalles.
Les archives établissent que la carrière était déjà exploitée autour de 1740. Abandonnée à la Révolution, l’activité reprit à partir de 1860 jusqu’aux années 1950.
En 1985, des prospections et des sondages de reconnaissance ont été réalisées à l’ouest de la Villedé en vue de ré-exploiter le gisement. Bien que le volume de matériau disponible et sa rentabilité soient jugés satisfaisant pour envisager la production de dalles, le projet n’aboutira pas.
La collaboration entre la commune d’Ardin et le Conservatoire a alors pris tout son sens, avec l’objectif commun de mettre en valeur le patrimoine géologique du site auprès du public.
L’intervention du CREN
C’est en 2010 que la commune d’Ardin sollicite le CREN pour conduire un projet partenarial de préservation et de valorisation du site. La singularité géologique de la Marbrière a conforté le Conservatoire dans sa décision d’intervention.
En 2012, suite à l’avis favorable de son Conseil Scientifique et Technique (CST), le Conservatoire acquiert la carrière, pour une superficie totale de 0.70 ha. L’année 2017 marque ensuite le début des travaux de la Marbrière après une longue phase d’études de définition du projet et de recherche de financements.
Le Conservatoire considère la sensibilisation à l’environnement comme un outil de préservation des espaces naturels sur le long terme. Par l’aménagement d’un sentier d’interprétation, les visiteurs pourront s’approprier les enjeux du site, découvrir de manière pédagogique la géologie tout en abordant son impact sur le paysage et les activités humaines, à l’image des autres géosites du réseau « l’Homme et la Pierre » comme la Carrière de Mollets en Deux-Sèvres ou les Faluns d’Amberre en Vienne.
Ce projet a mobilisé largement les différentes compétences du CREN (techniques, scientifiques, conduite de projet) et celles de ses partenaires au profit de la préservation de la biodiversité et de la géologie, de la sensibilisation des citoyens à l’environnement et de l’attractivité du territoire communal, départemental et régional.
Un gisement unique du massif vendéen
La carrière de la Marbrière permet d’observer des roches sédimentaires appartenant à une série, unique dans le Massif vendéen, dont l’extension géographique est limitée (environ 60 ha). Cette série se compose de formations fossilifères datées du Givétien (intervalle compris entre -388 et -383 millions d’années) qui témoignent de la présence dans le secteur de milieux variés, continentaux comme marins.
Connue sous l’appellation de « Givétien de la Villedé » (du nom du lieu-dit d’Ardin !), elle a fait l’objet de nombreuses recherches et publications au 20e siècle et est souvent citée dans des ouvrages spécialisés.
Plusieurs raisons expliquent l’intérêt que lui portent encore aujourd’hui les spécialistes comme par exemple la présence et l’état de cette roche (indemne de tout métamorphisme et découverte de certains fossiles) qui reste inexpliqué à Ardin !