Vallée des Eaux-Claires (Charente) La lettre
Édito
La vallée des Eaux Claires, joyau naturel, marque l’identité de notre commune. Elle n’est pas qu’un lieu de promenade mais bien un lieu de vie pour une incroyable biodiversité.
Nous sommes nombreux à profiter de ses chemins, à contempler ses paysages ou bénéficier de ses ressources. Mieux la connaitre nous permet, ensemble, de mieux la préserver.
De ce fait, la municipalité soutient l’action du Conservatoire d’espaces naturels qui restaure et préserve le patrimoine naturel et paysager, dans le respect des usages.
Gérard Bruneteau,
Maire de Puymoyen
L’intervention du Conservatoire
Depuis 1998, le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels (CREN) de Poitou-Charentes intervient, en concertation avec la commune de Puymoyen, pour la préservation des pelouses calcaires et prairies humides de la Vallée des Eaux Claires. Après un inventaire écologique réalisé par Charente Nature en 1999, le CREN a pu recenser et contacter un grand nombre de propriétaires de la vallée et procéder, en cas d’accord amiable, à l’acquisition des parcelles les plus riches. Aujourd’hui, le CREN est propriétaire et gère près de 15 hectares autour du Moulin du Verger. Des suivis écologiques garantissent la pertinence des actions menées.
Des temps géologiques à l’occupation humaine
La Vallée des Eaux Claires est un affluent de 13 kms en rive gauche du fleuve Charente. Avec ses voisines l’Anguienne, la Boëme et la Charraud, elles forment les vallées calcaires péri-angoumoisines. Ces vallées entaillent un large plateau formé de calcaires durs, datant du Turonien (-92 Ma) et résultant de dépôts successifs d’animaux marins (rudistes) lorsque la mer recouvrait la Charente au Crétacé. Par la suite, les alternances de gel et dégel du Quaternaire ont creusé les abris sous roche sur les flancs rocheux.
Au Paléolithique moyen (Moustérien), les Hommes ont trouvé dans ces vallées les conditions favorables à leur installation: eau, gibier, grotte, matière première pour la confection des outils. Les traces de cette occupation sont nombreuses et ont fait l’objet de recherches de la part du GRAHT (Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques Tolvère – Mornac).
Au-delà de ce patrimoine géologique et archéologique remarquable, la dimension historique est également identitaire du site avec la présence du Moulin du Verger, « dernier authentique témoin de quatre siècles et demi de tradition papetière en Charente ».
Une vallée pittoresque, source de biodiversité
L’attrait des angoumoisins pour la vallée ne date pas d’hier, le site a été classé en 1941 au titre de la loi Paysage de 1930, pour la qualité de ses paysages, notamment ses falaises crayeuses monumentales et ses abris sous roches en rive droite, et doit ainsi être préservé de « toute atteinte grave ».
En haut des falaises, un sous-sol pauvre, drainant et une exposition sud ont favorisé l’installation d’une végétation spécifique, rase et constituée de plantes annuelles et vivaces : les pelouses calcaires. Appelées également chaumes, elles abritent des fleurs rares d’affinité méridionale ou montagnarde, adaptées à pareilles conditions : Globulaire commune, Immortelle des sables, Crapaudine de Guillon, Sabline des chaumes…
Dans le fond de vallée, sur les prairies ou friches encore existantes du site inscrit, on peut voir voler des papillons comme le Cuivré des marais et le Damier de la succise, tous deux rares au niveau européen. Ce patrimoine est reconnu d’intérêt communautaire et la vallée des Eaux Claires intègre ainsi le grand réseau européen de sites Natura 2000.
Le pâturage, indispensable au maintien des paysages et de la biodiversité
Ces patrimoines, biologique et paysager, sont hérités des usages passés : culture, fauche et pâturage garantissaient des milieux ouverts- les pelouses, les prairies- comme en témoignent les cartes postales d’archives.
Aujourd’hui, par abandon ou modification des pratiques humaines, les falaises sont moins perceptibles, les paysages se referment et des éléments biologiques forts comme les pelouses se raréfient !
Le Conservatoire, après plusieurs années de travaux de restauration ciblés (coupe ponctuelle de pins, débroussaillage), a choisi la voie de l’écopâturage pour maintenir ouvert les milieux. En début d’été ou en regain à l’automne, un troupeau de brebis s’installe pour quelques semaines au sein de clos électrifiés, déplacés de parcelle en parcelle. Sans clôture fixe, le paysage est préservé et entièrement libre aux activités sportives et de découverte.
Des suivis, pour évaluer en continu
Le site d’intervention de la Vallée des Eaux Claires est l’un des 61 sites actuellement équipés d’observatoires photographiques du paysage par le CEN. Le Conservatoire a établi son propre protocole de suivi photographique à partir de la démarche nationale, en adaptant ses exigences aux problématiques spécifiques de protection et de gestion des espaces naturels. Les objectifs de nos observatoires photographiques sont à la fois d’ordre technique et paysager, à savoir :
- le suivi esthétique et paysager du site et de ses abords (ambiances paysagères, aménagement d’un sentier),
- l’observation de l’impact paysager de la gestion sur le site (coupe et débardage d’arbres, restauration de prairie, pâturage),
- l’observation de l’évolution naturelle du site (dynamique de boisements, évolution saisonnière…),
Des suivis scientifiques sont également menés périodiquement pour évaluer la présence des espèces et des habitats et ajuster la gestion mise en place.
Saviez-vous que 63 espèces de papillons de jour vivent dans la vallée C’est plus de la moitié des espèces inventoriées sur l’ensemble du Poitou-Charentes !
Sentiers de découverte et Sensibilisation
En 2006, le Grand Angoulême a mis en place le sentier d’interprétation des « Eaux Claires du Temps » qui offre une découverte originale de la vallée au rythme du temps, à travers 9 stations.