Vallée des Eaux claires (Charente) – nov. 2011
Édito
Si Puymoyen est connue par sa qualité de vie, elle le doit en grande partie à ses atouts naturels dont la Vallée des Eaux Claires.
Située au Sud de l’Agglomération de GrandAngoulême, elle est fréquentée par de nombreux promeneurs et randonneurs en toutes saisons. Son histoire, sa faune, sa flore et sa géologie en font un lieu unique et prisé du public.
Les Puymoyennais sont très attachés à la Vallée, comme ils l’appelent affectueusement, et ont toujours résisté aux aménagements anarchiques pour lui conserver son caractère authentique.
C’est dans cette logique que les Municipalités qui se sont succédées ces dernières décénnies, ont sollicité les Pouvoirs Publics pour bénéficier des dispositifs de protection règlementaires.
Plus récemment, ils ont fait appel au CREN afin d’assurer la maîtrise foncière de certaines parcelles de terrains pour leur remise en état. C’est un outil indispensable pour la protection des sites naturels à la disposition des Communes qui, comme Puymoyen, ne peuvent assurer seules cette mission par absence de moyens financiers et de compétence.
Jean-Pierre Grand, Maire de Puymoyen.
L’intervention du Conservatoire
Depuis 1998, le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels (CREN) de Poitou-Charentes intervient, en concertation avec la commune de Puymoyen, pour la préservation des pelouses calcaires et prairies humides de la Vallée des Eaux Claires. Après un inventaire écologique réalisé par Charente Nature en 1999, le CREN a pu recenser et contacter un grand nombre de propriétaires de la vallée et procéder, en cas d’accord amiable, à l’acquisition des parcelles les plus riches. Aujourd’hui, le CREN est propriétaire et gère plus de 12 hectares autour du Moulin du Verger.
Géologie
La Vallée des Eaux Claires, comme ses voisines Anguienne, Boëme et Charraud, s’écoule du sud est au nord ouest pour se jeter en rive gauche du fleuve Charente. Ensemble elles forment les vallées calcaires péri-angoumoisines.
Au Tertiaire, une activité tectonique intense a formé des failles dans la roche. Ces fissures parallèles servent à drainer les eaux qui s’écoulent. Gorgées d’eau, les roches calcaires ont éclaté suite aux variations climatiques (chaleur, gel, dégel). Cette activité a contribué à la formation des falaises et abris sous roche.
Durant le Quaternaire (fin du Paléolithique - 50 000 ans), les Hommes ont trouvé dans ces vallées des conditions favorables à leur installation : eau abondante, protection naturelle (grotte, abri) et la matière première pour la confection des outils. Les traces de cette occupation sont nombreuses et ont fait l’objet de recherches de la part du GRAHT (Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques Tolvère – Mornac).
Patrimoine naturel
Site inscrit et site classé (loi 1930),
site Natura 2000 (directive européenne 1992)…
Protéger… la vallée des Eaux Claires pour :
– préserver la particularité et l’importance du patrimoine naturel présent sur ces espaces,
– attirer l’attention sur l’originalité et la richesse paysagère de ses falaises calcaires abruptes et de son fond de vallée étroit.
En haut des falaises, un sous-sol pauvre et une orientation sud ont favorisé l’installation d’une végétation spécifique, très rase et constituée de plantes annuelles et vivaces : les pelouses calcaires. Appelées également chaumes, elles abritent des fleurs rares comme la Sabline des chaumes, protégée en France. Lorsque la végétation se densifie un peu, elle accueille un nombre important d’espèces méridionales : Globulaire de Valence, Immortelle des sables, Liseron cantabrique…
Enfin là où le sol devient plus profond, il n’est pas rare de voir fleurir les Orchidées qui peuvent y enfouir leurs tubercules : une quinzaine d’espèces sont présentes.
Dans le fond de vallée, les anciennes prairies humides ont souvent laissé la place aux cultures, peupleraies, jardins ou encore au boisement spontané par les saules après abandon de l’élevage. Pourtant, sur les prairies ou friches encore existantes, on peut voir voler les papillons comme le Cuivré des marais et le Damier de la succise, tous deux rares au niveau européen.
Gestion
Depuis 2004, le CREN procède à des travaux de restauration sur les pelouses calcaires et le fond de vallée. En effet, les cartes postales anciennes témoignent d’un paysage ouvert, de pelouses et de prairies pâturées autrefois, de falaises dégagées et dominantes.
Aujourd’hui, par évolution naturelle, par abandon ou modification des pratiques humaines, les paysages de la vallée tendent à se refermer.
Sur les pelouses, les travaux entrepris par le CREN consistent donc à :
– abattre les ligneux colonisateurs (menace de fermeture par les pins),
– entretenir par fauche mécanique la végétation les années suivantes.
Dans le fond de vallée, l’objectif est de retrouver des prairies et friches humides. Des coupes de taillis de saules sont donc programmées pour favoriser la végétation herbacée et la faune associée.
Valorisation, partenariat
En 2006, le Grand Angoulême a mis en place le sentier d’interprétation des « Eaux Claires du Temps » qui offre une découverte originale de la vallée au rythme du temps, à travers 9 stations.
Chaque année, la commune organise un chantier de nettoyage car les dépôts illégaux de déchets sont encore trop nombreux et menacent petit à petit l’intégrité paysagère de la vallée. À chacun donc d’être vigilant !
Grimpeurs, randonneurs, riverains, nous sommes tous invités à préserver cet espace remarquable que l’on aime parcourir.
Convention signée entre le CREN et la FFME*
Signée en mai 2010, elle autorise la pratique de l’escalade sur les propriétés du CREN dans le respect des enjeux écologiques du site.
*FFME : Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade