Vallées sèches d’Availles-Thouarsais (Deux-Sèvres), La lettre – oct 2015
Édito
Au cœur de l’airvaudais, la commune d’Availles-Thouarsais, concernée par un Espace Naturel Sensible, possède une richesse naturelle méconnue du grand public.
On peut y admirer les vallées sèches du Fourbeau et des Vaux dont les coteaux calcaires sont très intéressants pour la faune et la flore
Grâce au travail entrepris par le CEN en partenariat avec la commune et quelques propriétaires depuis 1997, des suivis naturalistes ont pu y être réalisés, montrant l’importante richesse des lieux. C’est par exemple plus de 50 espèces de papillons qui ont été répertoriées.
Depuis quelques années, un travail en commun avec le CEN, le CPIE de Coutières, la Fédération de chasse, le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres et le Centre d’interprétation géologique du Thouarsais a permis la réalisation d’un sentier de découverte de la vallée du Fourbeau.
Soucieux de conserver ces espaces naturels, la commune d’Availles-Thouarsais et la commune voisine de Saint-Généroux ont affirmé leur souhait de défendre une agriculture de proximité respectueuse de ces territoires, en aidant un éleveur de moutons à s’installer et ainsi garantir la pérennité de ce magnifique territoire.
Daniel Robert, maire d’Availles-Thouarsais.
Patrimoine exceptionnel
Les vallées des Vaux et du Fourbeau se situent à proximité d’Availles-Thouarsais. Chacune d’elles est désignée en ZNIEFF de type I* et compose le site CEN des « Coteaux d’Availles-Thouarsais ». Les principaux intérêts biologiques du site proviennent des grandes étendues de pelouses sèches se développant ici sur un substrat calcaire. Les coteaux, notamment ceux exposés au sud, accueillent des plantes d’origine méditerranéenne telle que l’Astragale de Montpellier et de nombreuses orchidées. Considérées comme habitat d’intérêt européen, ces pelouses abritent plusieurs espèces végétales rares, de nombreux papillons et une avifaune diversifiée qui contribuent au caractère patrimonial des lieux. L’endroit présente également des intérêts paysagers et géomorphologiques.
* les ZNIEFF de type I : secteurs de grand intérêt biologique ou écologique.
Des vallées sèches à préserver et valoriser
C’est en 1997 que le CEN intervient sur le site suite à la sollicitation du maire. Il lance alors la première opération d’animation foncière pour connaître les propriétaires vendeurs. Les parcelles ainsi acquises par l’intermédiaire de la Safer sont restaurées lorsque celles-ci sont très embroussaillées, puis entretenues par fauche-débroussaillage et ponctuellement par pâturage ovin. Des inventaires complémentaires permettront en 2009 la rédaction d’un document d’actions et de gestion concertée.
Aujourd’hui le CEN est gestionnaire de 14 hectares en propriété et de 1,3 hectare loués par bail emphytéotique pour lesquels l’objectif principal est le maintien de l’habitat de pelouse.Le CEN considère la sensibilisation à l’environnement comme un outil de préservation à long terme des espaces naturels et d’appropriation des enjeux par la population locale. Aussi, il a souhaité sensibiliser le grand public et les scolaires en s’appuyant sur les relations entre sous-sol, relief, paysages, faune, flore et activités humaines. Il a fait réaliser une étude de mise en valeur des vallées sèches en 2008 par le CPIE de Gâtine poitevine. Celle-ci proposait la création d’un sentier d’interprétation sur la vallée de Fourbeau (accessibilité, proximité du bourg). Un premier parcours est repéré et les thèmes pouvant être abordés sont relevés (formation des vallées, milieu de pelouses sèches, activités humaines).
Présentation du sentier
L’aménagement du sentier d’interprétation sur le site de la vallée de Fourbeau est engagé en 2014 et confié à l’Agence Ecce Terra pour la finalisation et la réalisation du projet, associée au CPIE Gâtine Poitevine et à Didier Poncet, géologue.
Achevé en 2015, un parcours en boucle d’environ 2,5 km est équipé de panneaux pédagogiques. Une mascotte accompagne les visiteurs tout au long des stations pour parler des formations des vallées, des pelouses sèches, de leur mode de gestion par pâturage et des activités humaines par des extraits de témoignages.
Inauguration
Le site a également été désigné Espace Naturel Sensible du département des Deux-Sèvres. Le 4 juillet 2015 a été l’occasion d’inaugurer conjointement le sentier d’interprétation et l’ENS des « Vallées sèches d’Availles-Thouarsais » en présence des différents partenaires et financeurs. C’est sous un beau soleil que tous les participants ont pu découvrir une partie des aménagements du sentier au cours d’une balade insolite animée par la compagnie des Brasseurs d’Idées.
Réactualisation des données naturalistes
Le diagnostic écologique des vallées de Fourbeau et des Vaux a été reconduit en 2014. Cette même année, la majorité des espèces identifiées sur le site lors des précédents diagnostics (2001 et 2008) a été observée. Toutefois plusieurs espèces floristiques menacées n’ont pas été revues, ce qui s’explique essentiellement par la dynamique naturelle de la végétation en l’absence de pâturage. Notons cependant une forte richesse en orchidées, avec le recensement de 10 espèces présentes.
Les enjeux de conservation de la flore recommandent le maintien de pelouses « ouvertes », c’est-à-dire non embroussaillées ni boisées. Un certain nombre d’insectes comme les papillons ou les criquets sont également tributaires de ces milieux ouverts. Mais une diversité d’habitats plus ou moins colonisées par des ligneux est nécessaire à l’expression du plus grand nombre d’espèces. C’est pourquoi le CEN maintient une mosaïque sur ces coteaux. Toutefois, malgré la réalisation de travaux de fauche, les pelouses calcaires du site se sont dégradées par progression du brachypode, une graminée colonisatrice. Aussi, la mise en place d’un pâturage, expérimenté de 2006 à 2009, semble le moyen le plus approprié pour entretenir ces pelouses. Les coteaux attendent désormais leurs brebis, suite au projet commun initié avec les communes d’Availles-Thouarsais, de Saint-Généroux et plusieurs autres partenaires pour l’installation d’un éleveur début 2016.