Meulières de Claix – Chaumes du Vignac (Charente) – Fiche site
Paysage
Contexte paysager
Ce site appartient à l’entité paysagère des Côtes de l’Angoumois (n°504 de l’Inventaire des Paysages de Poitou-Charentes). Si cette entité peut être caractérisée par la densité de ses boisements, paradoxalement, on retient surtout d’elle les paysages de vallées. Le pittoresque de leurs falaises, de leurs rivières aux eaux claires et des moulins qui se sont installés sur leurs rives, sont autant de « portes » ouvertes sur une campagne encore bucolique, si proche de l’agglomération d’Angoulême.
Les plateaux, s’étendant sur des terrains calcaires datés du crétacé (-145 à -65 millions d’années), sont bien souvent largement boisés ou, si l’épaisseur de sol le permet, voués à la culture céréalière. Ces calcaires présentent deux couches qui se superposent : une couche plus dure affleurant au niveau des corniches de bord de plateau et une autre, plus tendre, à tendance argileuse et marneuse, qui modèle les versants plus ou moins pentus.
« Le plateau des Chaumes du Vignac se termine par un promontoire bordé de falaises, offrant un belvédère sur la vallée qu’aucun visiteur du site ne manque d’admirer. Si vos yeux quittent l’horizon et s’attachent au sommet du rocher, vous remarquerez sans peine des entailles rectilignes entamant la pierre : les vestiges évidents d’une ancienne carrière. » Alain Belmont
Intérêts paysagers du site
Un site très contrasté sur le plan paysager : un plateau aride, voire brûlant en période estivale, une ponctuation de chambres minérales (fosses d’extraction), des boisements pauvres et secs clairsemés par quelques clairières, un vallon frais où coule un ruisselet. C’est un lieu que l’on aperçoit d’assez loin en circulant sur le territoire. Inversement, on peut embrasser le paysage de manière privilégiée depuis le site comme en témoigne l’aquarelle ci-dessous, extraite de la table de lecture du paysage installée in situ.
Ambiances
De surprise en surprise : pour accéder au site, le visiteur traverse des territoires assez ordinaires dominés par de vastes champs céréaliers. Après avoir gravi la pente et accédé au plateau, il découvre un site conquis par des ambiances « caussenardes » : un plateau aride où une végétation très rase semble comme figée. À cela s’ajoutent les fosses d’extraction de pierres de meules à même le plateau qui attisent la curiosité. Enfin en descendant dans le vallon frais au fond duquel coule une source, des images de films adaptés de romans de Marcel Pagnol peuvent surgir…
Patrimoine naturel
Milieux naturels
Le site est presque entièrement recouvert de pelouses calcicoles xérophiles, parsemées de fourrés à genévriers. On y trouve plusieurs associations végétales rares qui constituent des habitats d’intérêt communautaire (pelouse à Sabline des chaumes).
Le fond de vallée est parcouru par un ruisselet issu d’une source qui, avant d’être canalisé pour des besoins agricoles, suivait un parcours sinueux à travers la zone humide. Une mare permanente accueille notamment le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), un petit crapaud.
Faune, flore, géologie
Constitués par des calcaires durs du Turonien supérieur, les plateaux du Vignac et des Meulières présentent une topographie remarquablement plane, dont le point culminant est à 108 m d’altitude. Localement, on peut rencontrer des placages argileux résiduels. Au fond du vallon, des sols alluviaux calcaires, limono-argileux présentent, ça et là, des niveaux para-tourbeux. Des mini falaises et des éboulis rocheux sont par ailleurs présents en rupture de pente.
Le site présente un patrimoine biologique, botanique exceptionnel, notamment sur les pelouses sèches : 8 espèces protégées (1 en Protection Nationale et 7 en Protection Régionale) y sont répertoriées, parmi lesquelles 4 sont considérées comme menacées en France. On y rencontre notamment la Globulaire de Valence (Globularia valentina), espèce protégée au niveau régional et dont le secteur du sud d’Angoulême constitue la seule zone actuellement connue en France où la plante se développe. La Sabline des chaumes (Arenaria controversa), protégée au niveau national, évolue sur les secteurs de pelouse très rase, où le sol affleure. La Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis ssp. saxatilis), la Spirée à feuilles de millepertuis (Spirea hypericifolia ssp. obovata), toutes protégées au niveau régional, et l’Odontitès de Jaubert (Odontites jaubertiana), plante des chaumes automnales protégée au niveau national, constituent, avec celles précédemment citées, les principales espèces patrimoniales du site.
Le Pipit rousseline (Anthus campestris) trouve ici un de ses seuls sites de nidification connu en Charente. On mentionne par ailleurs la présence de la Genette (Genetta genetta), du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), de l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) et de la Couleuvre d’Esculape (Elaphe longissima).
Gestion, sensibilisation
Objectifs de gestion
L’objet de l’intervention du Conservatoire est de préserver par des actions de restauration et d’entretien périodique la grande diversité des milieux présents, avec comme priorité les milieux de pelouses sèches calcicoles.
- Conservation dans le temps et pour les générations à venir du patrimoine naturel et paysager du site :
– maintien des formations paysagères particulières que sont les causses ouverts,
– reconquête, restauration et entretien des surfaces de pelouses sèches,
– maintien du régime hydraulique et de la diversité des habitats humides (prairies, mares).
- Information et sensibilisation du grand public à la connaissance et à la protection de la nature.
- Ré-appropriation du site et des enjeux qui y sont liés par la population locale.
Modalités de gestion
Afin de préserver les pelouses sèches et la zone humide dans le vallon, différentes actions ont été mises en œuvre :
- Pâturage mixte ovin et équin des pelouses calcicoles sur 30 hectares environ.
- Débroussaillage et fauche périodique des pelouses sèches non pâturées.
- Restauration et création de mares.
- Actions de sensibilisation et de valorisation.
- Supports pédagogiques sur site (panneaux d’accueil, table de lecture du paysage…).
- Animations scolaires et grand public (concours de peinture…).
- Panneaux d’information en mairies.